Moins de 3 % : c’est la part des femmes à la tête d’une entreprise artisanale en France. Pendant que les besoins en profils qualifiés explosent, les formations restent souvent pensées par et pour les hommes. Résultat, la progression des femmes dans l’artisanat se heurte à des codes persistants.
Les dispositifs ciblés existent, mais ils restent minoritaires. Malgré la présence de réseaux et d’outils publics, l’accès et l’accompagnement demeurent inégaux. Pourtant, ici et là, des initiatives locales prennent le contre-pied, redéfinissant peu à peu les contours de la professionnalisation au féminin.
Femmes et artisanat : état des lieux et enjeux actuels
Impossible de passer à côté : les femmes dans l’artisanat restent peu nombreuses en France. Sur les 1,3 million d’entreprises artisanales, on compte peu de dirigeantes. Dans certains métiers, la proportion grimpe, mais globalement, le fossé persiste. Impossible de ne pas évoquer le bâtiment : la part des femmes y descend sous la barre des 2 %. Cette réalité perdure, même si la demande de compétences nouvelles grimpe en flèche, à mesure que les métiers évoluent.
Alors, qu’est-ce qui maintient ce plafond ? Les clichés durent, la mise en lumière des femmes métiers reste faible, et les portes des réseaux professionnels ne s’ouvrent pas pour toutes. Côté pâtisserie, mode ou coiffure, la mixité s’invite plus volontiers. Pourtant, le secteur bâtiment s’accroche à une culture majoritairement masculine.
D’un point de vue économique, la réalité n’est pas plus clémente. Le chiffre d’affaires moyen côté entrepreneures demeure inférieur à celui des hommes. Derrière l’écart, des opportunités restreintes, des difficultés à décrocher un financement, un manque de relais.
Pour mieux cerner la situation, quelques chiffres parlent d’eux-mêmes :
- Entreprises artisanales dirigées par des femmes : environ 30 %
- Femmes dans le secteur bâtiment : moins de 2 %
- Écart sur le chiffre d’affaires : toujours présent
En dépit de tout cela, l’artisanat reste un terrain propice à l’audace et à l’innovation. Les profils s’étoffent, les réseaux s’organisent, et une envie de bousculer les lignes gagne du terrain.
Quels parcours de formation pour devenir une artisane accomplie ?
Choisir une formation métier réclame ténacité et engagement. En France, des centres de formation aux métiers accompagnent les futures artisanes, épaulés par les chambres des métiers et de l’artisanat. Les cursus s’étendent du CAP à la licence professionnelle, couvrant tous les métiers artisanaux,qu’il s’agisse du bâtiment, des métiers d’art, de l’alimentation ou des services.
Pour certaines, le parcours débute à l’adolescence avec l’apprentissage traditionnel. D’autres sautent le pas d’une reconversion professionnelle plus tard, en s’appuyant sur le Compte personnel de formation (CPF). Ce dispositif offre une porte d’entrée vers un diplôme reconnu et une montée en compétences progressive. Alternance, apprentissage, professionnalisation : toutes ces formules permettent de jongler entre théorie et expérience concrète sur le terrain. Rien de mieux pour appréhender la réalité du travail, maîtriser les gestes et s’immerger dans la pratique.
Les principales avenues pour débuter ou se perfectionner sont présentées ici :
- Passerelles via CAP, Bac pro, BP, BM
- Appui des centres de formation et des chambres de métiers
- Mobilisation du CPF ou parcours de reconversion
Les parcours se bâtissent étape après étape,stages, concours, mentorat, spécialisation progressive. De plus en plus de femmes franchissent les portes de secteurs restés fermés, à l’image du bâtiment qui s’ouvre lentement à la mixité. S’entourer de formatrices, intégrer des réseaux d’entraide, oser la formation continue auprès des chambres de métiers : chaque levier compte. La maîtrise artisanale s’acquiert dans la durée, à force de résilience et d’adaptation.
Des témoignages inspirants : elles ont choisi l’artisanat
Paroles d’artisanes
Voici des exemples concrets de parcours authentiques :
- Sarah, ébéniste à Lyon. Descendante d’un menuisier passionné, elle décide de changer de vie. Un CAP en main, elle lance son atelier. Ses créations sur mesure séduisent une clientèle attachée à la qualité artisanale.
« Se former, c’est accepter de douter, d’apprendre chaque jour. Dans l’atelier, la technique se partage, les regards changent. » - Khadija, boulangère à Nantes. Ingénieure de formation, elle troque le bureau pour une boulangerie. Son pain au levain, pétri de farines locales, raconte la rencontre entre tradition et innovation. Son quotidien est rythmé par les échanges avec les clients et une solidarité bien réelle dans l’équipe, quelle que soit la répartition hommes/femmes.
Le numérique attire aussi des femmes vers l’artisanat. Camille, créatrice de bijoux à Toulouse, anime sa boutique en ligne, partage sur les réseaux, et bénéficie de groupes d’entraide féminins qui brisent l’isolement. Sa notoriété, elle l’a patiemment construite,réseaux sociaux, podcasts, évènements. Une visibilité acquise à force de persévérance et de sincérité.
Dans chacun de ces parcours, la formation était une nécessité, mais c’est l’audace, le soutien du collectif et une certaine capacité à avancer malgré le doute, qui font la différence. Le regard de la clientèle évolue ; les artisanes affirment leur empreinte et, quelles que soient les évolutions numériques ou locales, leur savoir-faire suscite l’adhésion.
Initiatives et réseaux pour soutenir la formation des femmes dans l’artisanat
Pour rendre l’artisanat véritablement accessible, les réseaux professionnels et les dynamiques locales sont décisifs. Les chambres des métiers et de l’artisanat développent des dispositifs ajustés : ateliers sur l’installation, programmes de mentorat, accompagnement personnalisé lors de la création d’entreprise. S’appuyer sur une communauté féminine permet de multiplier les conseils, de partager astuces et contacts, et de rompre une certaine solitude, notamment au démarrage d’une micro-entreprise.
Les pratiques digitales amplifient la visibilité de ces initiatives. Sur divers espaces en ligne, apprenties, dirigeantes et professionnelles du bâtiment peuvent échanger, poser leurs questions, mutualiser leurs ressources. Certaines associations nationales ou régionales n’hésitent plus à organiser des rencontres, des ateliers thématiques et des webinaires, ouvrant la voie à de nouveaux parcours et à des évolutions de carrière.
Dans plusieurs territoires, des collectivités en lien avec la CMA proposent des prix ou des bourses pour encourager la formation des femmes et soutenir l’innovation. Celles qui accèdent à ces distinctions jouent souvent le rôle d’ambassadrices : en partageant leurs expériences, elles encouragent les vocations lors de salons ou par des témoignages publiés dans la presse.
Pour développer ses compétences et bénéficier du collectif, plusieurs outils et réseaux s’offrent aux femmes artisanes :
- Accès facilité à la formation par le CPF et les dispositifs régionaux
- Groupes d’entraide pour créer ou reprendre une entreprise artisanale
- Forums et communautés en ligne pour échanger astuces, outils et retours d’expérience
Individuellement et collectivement, ces initiatives redessinent le visage de l’artisanat. Des ateliers aux chantiers, la chaîne des femmes formées, épaulées et visibles, ne cesse de se renforcer. On ne referme pas la porte une fois qu’on l’a ouverte : la nouvelle génération fait déjà bouger les lignes et on n’a pas fini d’en entendre parler.


